Gand - Dans les lumières de la nuit

Mardi 5 février 2019. C'est en effectuant ma visite diurne à l'envers, au pied du château des Comtes, que se poursuit ma promenade au clair de lune à travers les rues de Gand***.

Et c'est encore au pied du château que je reprends mon histoire de la ville, au moment de la répression des armées de Charles Quint contre la population de Gand réfractaire à une nouvelle levée d'impôts.

Nous sommes en 1539 et pour punir les autorités civiles comme militaires, le roi d'Espagne oblige la congrégation de Saint-Bavon à quitter leur monastère. Ils ne pourront jamais y retourner car Charles Quint décide de le faire raser et de le remplacer par une caserne.

Seuls quelques édifices de l'ancienne abbaye seront épargnés par la démolition. Ils ont été retrouvés lors de fouilles à la fin du XIXe siècle quand on décida de mettre à bas la fameuse caserne des Espagnols.

Quant aux Gantois, après la révolte et la destruction de l'abbaye, il ne leur resta plus que leurs yeux pour pleurer. Ils avaient ainsi perdu tous les privilèges qui avaient fait la richesse de la ville.

A la répression des armées de Charles Quint succédèrent bientôt les affres des guerres de religion qui n'épargnèrent pas les Flandres. Alors que l'absolutisme espagnol imposait partout sa foi catholique, Gand était devenue républicaine et calviniste...

On signa alors dans ses murs le fameux traité de Pacification qui devait coaliser les catholiques et les Réformés des Pays-Bas contre le pouvoir de Philippe II d'Espagne. Un siège très dur mené par Alexandre Farnèse (e la grande famille italienne du même nom) l'obligea en 1584 à ouvrir ses portes aux troupes espagnoles...

Les exactions s'ensuivirent, puis la déportation, et finalement l'exil de milliers d'habitants vers la Hollande.

Gand sombra dans le déclin en même temps que dans la misère. Les famines firent chuter sa population de moitié et la ville s'enfonça dans la léthargie pendant deux siècles. Quant au catholicisme, il fut rétabli dans les Pays-Bas du sud après la prise d'Anvers.

Un petit moment de répit dans le cours de mon histoire pour admirer les magnifiques maisons du Quai aux Herbes illuminées de mlle feux.

Ne pas céder aux sirènes d'une visite de nuit serait manquer un des plus beaux spectacles d'Europe. Car plus que jamais, les nuits de Gand soulèvent les coeurs d'enthousiasme tellement la ville se pare de ses plus beaux effets visuels. Une nuit vraiment magique.